Le miroir et la scene - ce que peut la representation politique
Myriam revault d'allonnes
La politique, dit-on, serait en crise du fait de l'inadéquation de nos représentants à la réalité qu'ils sont censés représenter : la fameuse coupure entre le peuple et ses élites témoignerait au premier chef de ces troubles dans la représentation. Myriam Revault d'Allonnes prend, en philosophe, le contre-pied d'une approche de la représentation qui, dit-elle, réduit à tort cette notion à sa dimension juridico-politique.Revenant aux sources de la représentation (arts visuels, théâtre), puisant aux deux grands paradigmes de la mimesis, la peinture et le théâtre, en compagnie de Platon et d'Aristote, cet essai interroge - au travers de l'élaboration de la notion de représentation politique (Hobbes, qui mobilise la métaphore théâtrale), de sa critique radicale (Rousseau, qui récuse la représentation et dénonce le simulacre du théâtre au nom de la transparence) et jusqu'aux débats actuels sur la supposée crise de la représentation - la question de l'exercice de la souverainetéAu terme de l'exploration, surprise : il apparaît que le lien représentatif moderne est fondamentalement lien de séparation. Et que c'est une illusion de penser que la représentation est susceptible de figurer de manière adéquate la réalité. Mais alors, que reste-t-il aux citoyens pour donner corps à la souveraineté politique ? La délibération, la discussion, la contestation, répond l'auteur, toutes modalités d'action non électives qui se donnent à voir et ne s'exercent que dans la non-coïncidence à soiAlors s'ouvrent de nouvelles et riches perspectives à la représentation dans l'espace du politique, mais une représentation placée dès lors sous le signe de la re-configuration - et non celui de l'impossible figuration.