A l'occasion du quatrième centenaire de l'Edit de Nantes il s'est passé un événement inhabituel : l'Etat laïque a organisé un congrès international consacré à la paix religieuse et à la tolérance. La tenue d'un tel colloque, qui eût été impensable dans notre pays il y a un siècle, signifie que la laïcité est devenue un facteur de paix civile et une valeur reconnue par la communauté nationale dans la mesure où elle protège ensemble la religion et la non-religion.Il valait donc la peine de faire connaître ce qui s'est dit dans ce colloque. mais une autre raison a poussé à la publication de ses actes : c'est que cette rencontre a apporté une mise au point sur l'édit lui-même et sur les années qui l'ont immédiatement précédé et suivi. Elle a mieux fait connaître la situation religieuse, à l'époque, de plusieurs pays voisins - Allemagne, Pologne, Provinces-Unies, Irlande -, sujet largement méconnu chez nous. Elle a éclairé l'évolution, récente ou en cours, du statut des Eglises dans plusieurs pays européens. Enfin, elle a permis aux représentants des grandes religions de la France d'aujourd'hui d'expliquer comment ils envisagent la place de celles-ci dans l'Etat de droit qui est le nôtre.Jean Delumeau